Biographie de Najat Atabou
La voix chargée d’émotion de Najat Aatabou est l’une des plus puissantes de la musique populaire marocaine. Sur scène, sa présence et sa voix sont explosives, certains de ses mouvements sont empruntés au jedba, la transe rituelle nord- africaine. Son comportement dynamique et ses points de vue futuristes vont droit au cœur du publique marocain et ont fait d’elle une star.
Najat Aatabou (44 ans) a signé à ce jour 25 albums et jouit d’une popularité immense au sein des communautés marocaines établies à l’étranger. En 2005, la chanson Calvanize des Chemical Brothers a fait le tour du monde avec plus d’un million de singles vendus. Dans cette chanson, on reconnaît facilement l’impact musical de Just tell me the truth de Najat Aatabou.
Dans les chansons traditionnelles que j’écris moi-même, j’essaie de donner une image fidèle de la femme marocaine. J’essaie aussi de défendre ses droits et de changer l’opinion établie.
Dans ses chansons, elle n’a pas peur d’aborder des sujets épineux. Ainsi, l’une de ses chansons parle des femmes qui entretiennent une relation amoureuse avec un homme marié. Signification : pars à la recherche d’un autre (‘Shoufi ghirou’) ! Et ça dans un pays où ce type de relation est puni par la loi. « J’aborde également des sujets tels que l’adultère, l’infidélité et la violence conjugale.Et je chante les filles délaissées par leurs petits amis lorsqu’elles tombent enceinte. Ou les parents qui devraient toujours être là pour leurs enfants. J’entre en confrontation avec l’opinion établie.
Elle le fait depuis son jeune âge. Najat la rebelle a grandi dans le petit village pauvre de Khmisset, dans le Moyen-Atlas. Le chant était son passe-temps préféré. Le soir, elle s’évadait en cachette par la fenêtre de sa chambre pour aller chanter dans des mariages et des fêtes de l’école. Lors d’un de ces mariages, quelqu’un l’a enregistrée à son insu. Les cassettes se sont bien vendues au Maroc, mais sa famille était moins ravie. « C’était une catastrophe lorsqu’ils l’ont appris. Ils ne l’ont pas du tout accepté. Ils trouvaient que je les avais déshonorés. Mes frères voulaient me tuer.
C’est ainsi que Najat, qui rêvait de devenir un jour avocate, décide de s’enfuir. « En pleurs, je suis allée au magasin de mon village qui vendait les cassettes illégales de ma représentation. Ma famille refusait tout contact avec moi et je n’avais nulle part où aller. Depuis, elle est mère de trois enfants et possède plusieurs maisons au Maroc et en France.
Le hasard a voulu que ce jour-là, un producteur, qui avait, semble-t-il, entendu ma cassette quelque part et me cherchait, entra dans ce magasin. Il m’a demandé de lui faire confiance et m’a proposé de le suivre à Casablanca. Je n’avais pas le choix, mais c’était ma planche de salut.
Najat était furieuse. Contre tout et tout le monde. « J’étais complètement frustrée de ne pas avoir mon mot à dire parce que j’étais une femme, d’avoir à peine des droits et de ne pas pouvoir porter les vêtements que j’aimais lorsque j’étais enfant. Et encore moins de parler à des hommes inconnus.
Son premier hit s’appelle d’ailleurs J’en ai marré et est chanté en arabe. Aujourd’hui, Najat a des dizaines de hits à son actif, dont Shoufi ghirou (Find a better man), Souvenir et Hadi kadba beyna (Just telle me the truth).
Pendant trois ans, elle n’a plus eu de contact avec sa famille, mais son producteur a tout arrangé. « Il s’est rendu dans mon village natal pour expliquer que je ne faisais rien de mal ni de honteux, car c’était cela que tous craignaient. Mais mes frères m’avaient vue à la télé depuis et lu des articles sur moi dans la presse et les esprits s’étaient calmés, dit Najat qui fut la première femme marocaine à produire un CD. « Aujourd’hui, les relations avec ma famille sont bonnes.
Najat reçoit énormément de courrier de la part de ses fans, également de ceux qui aiment moins ses tonalités aiguës sur des rythmes traditionnels, mais adorent son message. Il arrive à l’interprète du chant de la vie de puiser l’inspiration dans les histoires infiniment tristes de ses admirateurs.
Ses vingt dernières années, beaucoup de choses ont changé ici, pour les femmes : aujourd’hui, elles vont travailler et voyagent. Et elles ont appris à dire ‘non’ de temps à autre. Mais il y a encore beaucoup à faire et j’espère y parvenir avec mes chansons.
Elle a beaucoup évolué, ces dernières années. Avec son mari Hassan Dikouk, elle a changé le style de sa musique. Elle a troqué les instruments traditionnels contre un nouveau son et des influences musicales à partir d’instruments tels que la basse, la guitare électrique, le synthétiseur, la percussion, les congas et bien d’autres. Najat Aatabou aimerait rendre ainsi les chansons marocaines accessibles aux amateurs d’autres continents.
2004 a salué l’académie Le Maroc swingue, avec Najat dans le rôle principal. Ce film était surtout destiné à fournir une contribution positive à la condition/ l’émancipation de la femme marocaine à travers le monde.
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